De la conso au management, les 4 piliers du « slow »

Accueil / Agilité / Coopération / De la conso au management, les 4 piliers du « slow »

IMPACT / La rubrique qui décrypte les tendances de notre vie quotidienne sous l’angle RH. Les frontières entre vie perso et vie pro sont de plus en plus fines. Chaque mois, Meltis s’intéresse aux tendances qui impactent notre vie personnelle et analyse leur résonance dans la sphère professionnelle.  Focus ce mois-ci sur nos habitudes de consommation.

Une récente étude de l’institut IRI nous indique que la vente des produits alimentaires et de grande consommation marque un recul ces derniers mois au sein des grandes surfaces. A l’origine de cette baisse plusieurs facteurs : la démographie et le vieillissement de la population, des consommateurs plus volages qui font leurs courses dans plusieurs types de commerce, la montée en puissance du e-commerce sur le volet alimentaire, la récente loi sur les promotions et bien sûr des exigences écologiques, anti-gaspillage, d’alimentation santé (montée en gamme) et d’une véritable tendance à la vente « direct to consumer ».

Sans être encore une révolution totale, cette étude nous confirme donc que les modes de consommation sont en train de changer sous l’influence d’une prise de conscience des consommateurs vers une tendance lourde « consommer moins pour consommer mieux ». Choisir des produits de meilleure qualité, prendre plus de temps pour faire ses courses, réfléchir à l’impact écologique et humain, manger de saison… le consommateur consacre plus de temps et « d’énergie » qu’auparavant pour son bien-être et celui de la planète.

A partir de ce constant, quel rapport entre la consommation et le management ?

Slow conso, slow management

Alors qu’il est de plus en plus difficile de différencier le collaborateur du consommateur, le salarié de l’expérimentateur, il apparaît clairement que cette tendance du « moins pour mieux » se ressent dans les nouvelles postures managériales. Si la demande n’est pas toujours explicitée aussi clairement par les collaborateurs, les nouvelles exigences « slow » ont un retentissement fort dans l’entreprise. Si on fait un parallèle avec la consommation, on peut mettre en évidence 4 piliers :

Légitimité, simplicité, « bon sens » 

Responsabilisation, autonomie des collaborateurs… les millenials font changer en profondeur les modes de management et le rapport à la hiérarchie. Sur le principe de « celui qui fait décide », le manager est ressource et appui. Le manager n’est plus omniscient et omnipotent mais doit être là au bon moment et au bon endroit. On pourrait presque évoquer, et dans le bon sens du terme ( !) un management « minimaliste »  qui offre un cadre suffisamment clair, pour favoriser une autonomie productive et source non pas de stress mais de satisfaction chez le collaborateur. Comme dans la slow consommation, ou par exemple le client achète de saison, sans ingrédient nocif, dans une idée de retour à des pratiques de bon sens, ce dont il a besoin et pas plus, le management fait sa mue vers ce qu’on pourrait appeler plus de simplicité relationnelle.

La force du collectif

Dans cette mouvance du slow et du retour à une consommation responsable la notion de collectif et de lien entre les individus est très importante : regroupement de consommateurs, achat direct aux producteurs, résurgence des réseaux d’entraide entre voisins… le collectif n’a jamais été aussi valorisé dans nos vies personnelles et nos vies professionnelles. Intelligence collective, holocratie, hackathon, co-création, intérêt général, codéveloppement… les mots et les concepts ne manquent pas quand il s’agit de parler de la force de la collaboration et de la mise en commun au sein de l’entreprise. Avec le « slow » la question de l’individualité et de la place de l’individu est donc remise en perspective. Du côté des organisations le défi dans les prochaines années sera bel et bien d’engager ses collaborateurs dans cette idée de contribution positive qu’ils mettent déjà en pratique dans leur sphère personnelle.  

Agir en conscience

Un des préceptes du « slow » qu’il s’entende en termes de consommation ou de management est d’agir en conscience : de ses actions pour le côté consommation et de soi (et des autres !) pour le management. Connaître ses réactions, ses envies, ses besoins représente une véritable opportunité pour progresser professionnellement, fluidifier ses relations interpersonnelles, mieux communiquer. Mue par un certain « retour aux origines » cette recherche de sens, de « vérité » impacte les consommateurs qui achète selon des critères déterminés par leur éthique personnelle. En entreprise, au-delà d’une quête d’identité, cette façon de penser peut conduire les collaborateurs à accentuer leur quête de sens et leurs attentes quant au positionnement de l’organisation, ses valeurs, sa ligne managériale, sa politique RSE… ou quand conscience vient rimer avec exigence.

Manager en confiance

Pilier central du phénomène slow la confiance est même à l’origine de cette tendance ; ou plutôt un certain déficit de confiance. Pratiques commerciales contestées dans l’alimentaire, écologie, défense des animaux… la défiance des consommateurs envers les acteurs traditionnels de la distribution est grandissante. De même quand dans l’entreprise, des années de management hiérarchique, parfois considéré illégitime ou autoritaire ont convaincus bon nombres de collaborateurs que leur manager ou que le management en général ne méritait pas leur confiance. Tout comme les consommateurs se sont tournés vers d’autres modes de consommation ils appellent de leurs voeux depuis quelques années un management responsabilisant et basé sur la confiance.

Contrairement à une traduction basique, le « slow » ne place pas la consommation ou le management dans la lenteur mais plutôt dans l’engagement. Raisonner slow c’est analyser ses pratiques pour pouvoir les améliorer et les faire concorder avec ses exigences personnelles et éthiques mais aussi celles de son environnement à l’échelle de la planète ou de ses collaborateurs.

Ces articles peuvent vous intéresser
Qui sont vraiment les "Talents"?Valeurs affichées, valeurs incarnées : des paillettes à la vraie vie ?