Maître de Conférences à l’Université de Savoie, Marie Da Fonseca nous livre au sein de son ouvrage « Les stratégies de coopération » ses réflexions sur les enjeux managériaux rencontrés par les entreprises dans le cadre de l’opérationnalisation de la responsabilité sociétale. A l’appui du courant de la Corporate Social Responsiveness, cette étude exploratoire met en lumière différentes stratégies de coopération. Etat des lieux :
Pouvez-vous nous parler du courant de la Corporate Social Responsiveness ?
« C’est un courant qui a été un peu oublié, au profit malheureusement de travaux portant sur la performance. Il a été crée dans les années 70 par Ackermann et Baeur, qui sont les premiers à s’intéresser aux conséquences organisationnelles de la mise en place de démarche RSE. »
Dans quelle mesure le développement durable représente-t-il un enjeu managérial ?
« Le développement durable, pour faire simple c’est la conciliation entre les enjeux économiques, écologiques et sociaux. Pour faire simple toujours la RSE, c’est l’application au sein des entreprises/organisations des principes du DD. Les entreprises étant des acteurs économiques dont l’activité a des impacts sur la sauvegarde écologique de la planète et l’équité sociale, le développement durable représente un enjeu organisationnel. On ne peut plus aujourd’hui laisser les entreprises (tout comme les citoyen-ne-s) se comporter comme ce fût le cas dans les années d’après-guerre / 30 glorieuses etc… (les prémisses du DD et de la RSE datent même d’encore avant – il y a toujours eu une conscience citoyen-ne-s, ce n’est pas nouveau / ce qu’il l’est c’est l’institutionnalisation des pratiques) »
En quoi les stratégies de coopération peuvent être une réponse aux enjeux managériaux du développement durable ?
« Les stratégies de coopération permettent aux entreprises d’échanger des ressources en tout genre, mais surtout d’échanger sur les difficultés lors de la mise en œuvre d’une démarche RSE. Aujourd’hui, il n’y a pas véritablement de cadre de référence de ce qui relève ou non de la responsabilité sociale/sociétale. On a pas une définition figée. De ce fait, les entreprises doivent (même si c’est volontaire, il y a une certaine pression, sinon dans certains secteurs la pérennité n’est pas assurée) développer des démarches mais sans savoir si elles font bien ou non ! Certain-e-s dirigeant-e-s évoquent être stréssé-e-s, ne pas savoir quoi faire, ou si ils/elles font bien. Entre les valeurs, idées, représentations et la mise en œuvre il y a un monde et les entreprises n’ont pas nécessairement les outils, les ressources ou les compétences. L’échange, l’intervention d’expert, les formations, la mutualisation sont autant d’éléments qui vont être utiles aux entreprises. »
Comment favoriser l’intégration de la responsabilité sociétale au niveau stratégique de l’entreprise ?
« Il faudrait avant tout qu’un cadre soit posé, clair et défini, ce qui permettrait de continuer à faire des recherches sur les problématiques managériales et organisationnelles liées à la mise en œuvre de démarche responsable. Finalement, très peu de recherches se sont intéressées à cette question de la difficulté d’opérationnalisation. Il faudrait une véritable volonté politique également, mais là on sort du champ de la recherche. »
Du point de vue managérial dans quelle mesure les stratégies de coopération peuvent-elles pallier au manque de ressources et de compétences de l’entreprise ?
« Les stratégies de coopération permettent aux entreprises de gagner du temps, d’obtenir des informations, d’échanger des solutions, des ressources mais aussi de faire remonter les difficultés rencontrées. Elles permettent aussi des économies d’échelles et des mutualisations. »
Quels sont les facteurs clés de succès d’une stratégie de coopération ?
« Ce qui va être important c’est l’accompagnement aux entreprises dans la définition de leur besoin et donc une réponse adéquate. De plus, une trop forte hétérogénéité des profils d’entreprises peut être un frein. On remarque qu’il y a des facteurs culturels aussi qui vont être importants. Il faut que les entreprises soient partie prenantes de la stratégie de coopération. »
Maître de Conférences, Université de Savoie
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